Point hebdomadaire sur l’actualité des marchés obligataires. Cette semaine, retrouvez Stephen Wilson-Smith et Carlo Putti .
Veuillez noter que cette vidéo n’est disponible qu’en anglais.
Le mois de novembre s’annonce encore pire qu’octobre, en particulier sur les marchés du crédit, sur fond de cours du pétrole en chute libre, de déboires pour les entreprises, de scandales dans les directions et d’indicateurs économiques peu convaincants depuis un moment, le tout alors que le cycle mondial des taux d’intérêt est en hausse. Les obligations d’entreprises, qui bénéficiaient du soutien de politiques monétaires accommodantes depuis plus de dix ans, ont été particulièrement touchées : la semaine dernière, les spreads des obligations américaines « investment grade » (IG) ont affiché leur plus forte progression hebdomadaire (un bond de 11 %) depuis 2011, année où le monde entier redoutait une dissolution de l’Union européenne (UE). Les spreads IG ont continué de s’élargir au cours de cette semaine pour atteindre 132 points de base (pb) par rapport aux bons du Trésor, leur plus haut niveau depuis la victoire de Donald Trump lors de l’élection présidentielle de 2016 aux États-Unis (voir ci-après).
Les pertes sévères engrangées par les obligations d’entreprises et les actions ont nourri les attentes du marché quant à un ralentissement voire une pause dans la dynamique de relèvement des taux de la Fed. Les perspectives d’inflation ont plongé, dopant les bons du Trésor américain et les Bunds allemands, dont les rendements ont également chuté à la faveur d’une hausse de la demande en valeurs refuges. Certains marchés émergents ont résisté, notamment en Asie, car un pétrole moins cher y est une bonne nouvelle pour les économies importatrices d’énergie. Pourtant, le dollar américain généralement plus fort au cours des deux mois qui viennent de s’écouler a conduit (avec d’autres facteurs) à des relèvements défensifs des taux directeurs en Indonésie, aux Philippines et au Mexique. Les pays exportateurs de pétrole, notamment le Nigeria, l’Angola et le Ghana ont souffert de la chute des cours des matières premières, qui a suivi la baisse des perspectives de demande. Après la correction des cours, certains investisseurs « value » sont revenus sur le marché en quête de bonnes affaires.
En hausse :
Dans le monde, les marchés émergents locaux sont les grands vainqueurs du mois de novembre à ce jour. Le rendement de la dette souveraine des marchés émergents libellée en monnaie locale a progressé de 1 % depuis le début du mois, et même de 2,2 % une fois ramené en dollars américains, certaines devises s’étant fortement appréciées face au billet vert. L’Asie – région qui affiche traditionnellement de bonnes performances en périodes de troubles grâce à des balances extérieures saines – a enregistré les meilleures performances, les pays asiatiques importateurs de pétrole étant également bien positionnés pour profiter d’une énergie moins chère. D’une certaine manière, les pays d’Asie bénéficient également du soutien de la Chine, qui semble très engagée dans la relance budgétaire afin de contrebalancer tout éventuel dommage causé par la guerre commerciale en cours avec les États-Unis. Jusqu’à présent, ce soutien a permis aux rendements des emprunts d’État chinois de rester en territoire positif, à la fois cette année et sur les douze derniers mois (3,1 %). Au niveau des pays, c’est à la dette souveraine russe que revient la meilleure performance sur cinq jours (4,5 %), parmi 100 classes d’actifs obligataires, car les préoccupations quant aux sanctions américaines auxquelles elle était confrontée se sont atténuées. Ces craintes ont tiré le rouble à la baisse toute l’année, la devise russe perdant 12 % face au dollar. Ce qui, selon certains analystes, permettrait au pays de battre avant la fin de l’année son record d’excédent de la balance courante établi en 2008. Les obligations locales du Chili ont enregistré la deuxième meilleure performance au niveau de la classe d’actifs obligataires au cours de cette même période, sur fond de hausse des cours du cuivre et d’une inflation actuelle en-deçà de l’objectif.
Les gilts – ¿que será, será? Au Royaume-Uni, les coûts des emprunts ont chuté au cours des cinq dernières séances, les rendements des gilts à 10 ans atteignant 1,39 %, en baisse par rapport au taux de 1,72 % affiché à peine un mois plus tôt. La semaine a été tumultueuse : un projet d’accord a bien été trouvé avec l’UE sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union, mais il a été rapidement remis en question par les démissions de deux ministres britanniques. La hausse des valeurs refuges s’est poursuivie lorsque des députés conservateurs ont affirmé qu’ils allaient redoubler d’efforts pour évincer la Première ministre Theresa May, un épisode qui pourrait conduire à une sortie désordonnée de l’UE ou à de nouvelles élections législatives au Royaume-Uni. Pour en savoir plus sur les différents scénarios du Brexit et sur ses éventuelles répercussions sur le marché, regardez la vidéo de Ben Lord, gérant de fonds M&G.
En baisse :
Le crédit ressemble à une dinde froide sur la table pour Thanksgiving. Après avoir plus que doublé en taille (pour atteindre 5 000 milliards de dollars) ces dix dernières années, la dette IG des États-Unis s’est tout à coup rappelée ce que des taux d’intérêt plus élevés, une banque centrale moins accommodante et un ralentissement de l’expansion économique veulent dire. Conformément à la mise en garde du gérant de fonds M&G Lu Yu il y a quelques semaines dans un article intitulé « Méfiez-vous de la consommation excessive de dette », les sociétés qui ont utilisé (à tort) la dette pour augmenter les dividendes ou racheter des actions au lieu de consolider leurs bilans sont aujourd’hui forcées d’inverser ces politiques, ce qui mécontente les actionnaires et soulève des questions quant à leur capacité à honorer leurs dettes à des taux plus élevés. Les sociétés financières sont celles qui ont le plus souffert au sein de l’univers IG américain, car le regain d’activité économique n’a pas réussi à faire remonter les taux à long terme. Résultat, la courbe des rendements s’est aplatie depuis le début de l’année, déprimant leurs marges de profit. Alors qu’il représente une part conséquente des indices investment grade et à haut rendement aux États-Unis (environ 15 %), le pétrole a également souffert. Le haut rendement européen a même fait pire en novembre, pénalisé surtout par les difficultés des entreprises italiennes d’infrastructures et par une moindre dynamique de croissance : l’économie allemande s’est tassée au troisième trimestre. La peur des effets d’une dégradation des titres du géant industriel américain General Electric dans la catégorie « haut rendement » alimente également les préoccupations quant à une possible déferlante d »offre de papiers à haut rendement aux États-Unis ce qui, en général, est mauvais pour les prix. Enfin, et comme le montre le graphique, les émetteurs américains ont également subi la concurrence du Libor, le taux auquel les banques se prêtent de l’argent les unes aux autres et qui est souvent considéré comme un indicateur des taux sans risque. Le Libor est désormais supérieur au taux Bloomberg Barclays Global Aggregate, ce qui pourrait dissuader les investisseurs d’acheter des obligations souveraines puisqu’ils perçoivent une meilleure rémunération ailleurs avec, en principe, moins de risque. Cependant, certains investisseurs affirment que la correction survenue cette semaine est exagérée car l’économie américaine connaît toujours une croissance rapide. En outre, les entreprises ont également tendance à payer des coupons fixes aux investisseurs, c’est pourquoi la hausse des taux pourrait ne pas avoir des effets aussi délétères que ce que les prix des marchés indiquent.
L’Argentine s’achemine-t-elle vers un nouveau taux plancher ? Essayer de faire revenir à la normale une économie en difficultés tout en continuant de contenter les investisseurs pourrait s’avérer plus délicat que prévu ; à 62,5 %, le taux d’intérêt de référence a attiré les investisseurs internationaux avides de rendements, apportant une certaine stabilité à un pays dépendant d’un plan de sauvetage du FMI. Pourtant, les investisseurs spéculent sur une suppression prochaine du taux plancher de 60 % fixé par la banque centrale pour les taux d’intérêt, si les perspectives de l’inflation – plombée par la récession économique – continuent de chuter. Des taux plus bas pourraient soulager tant l’économie que le Premier ministre Mauricio Macri, qui compte briguer un nouveau mandat lors des élections d’octobre 2019 – mais ils ne satisferont sans doute pas autant les investisseurs en quête de portage : les obligations argentines ont perdu 2,7 % au cours des cinq dernières séances, se classant en avant-dernière position des performances au sein de l’univers obligataire.
Point hebdomadaire sur l’actualité des marchés obligataires. Cette semaine, retrouvez Benn Lord et Elena Moya.
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Après plus de deux ans d’âpres discussions, une lutte pour le leadership, des milliers d’heures et des millions de livres sterling consacrées au règlement du divorce entre la Grande-Bretagne et l’UE, la livre sterling a à peine réagi lorsqu’un projet d’accord a finalement été conclu. Les investisseurs ont d’abord patienté dans un environnement incertain, avant d’agir ensuite rapidement lorsque l’incertitude s’est accrue : la livre sterling a corrigé et les Gilts ont rebondi suite à la démission de deux ministres, qui a suscité des spéculations concernant une lutte de pouvoir et de potentielles élections anticipées. La dépréciation de la livre sterling a alimenté les anticipations inflationnistes, le point mort sur cinq ans s’étant hissé à 3,9 %, son niveau le plus élevé depuis 2015. Comme les Gilts, le rendement des obligations souveraines allemandes et françaises ont chuté en raison du fait de la demande en faveur des actifs refuges, tandis que les coûts d’emprunt se sont inscrits en hausse en Italie, en Espagne, au Portugal et en Grèce.
Qu’elles soient dues au Brexit ou des tensions commerciales persistantes entre la Chine et les États-Unis, les répercussions sur le commerce mondial commencent à se faire sentir : pour la première fois depuis trois ans, l’économie allemande s’est contractée de 0,2 % au troisième trimestre, tandis que l’économie japonaise a reculé de 1,2 % sur la même période. En octobre, la Chine a publié des statistiques économiques mitigées tandis qu’aux États-Unis, l’inflation et les derniers chiffres de la demande de prêts sont ressortis en léger recul. L’avertissement de l’OPEP concernant la baisse de la demande de pétrole a provoqué une chute des prix du brut pendant 12 jours consécutifs (voir plus bas). Dans ce contexte, les actifs refuges traditionnels comme les bons du Trésor américain, le yen et le dollar, ont surperformé.
En hausse :
Les entreprises des pays émergents – plus fiables que les gouvernements ? La prime que les investisseurs paient pour détenir des obligations d’entreprises émergentes plutôt que des obligations souveraines émergentes a toujours été élevée, puisque les gouvernements ont généralement une meilleure réputation auprès des créanciers. Non seulement l’écart s’est réduit mais la tendance s’est inversée : comme on peut le voir dans le graphique, les spreads des obligations d’entreprises émergentes sont désormais supérieurs à ceux des obligations souveraines et atteignent 37 points de base, leur niveau le plus élevé depuis 2006 – tandis que les principaux indices représentatifs des obligations d’entreprises étaient principalement dominés par des entreprises publiques perçues comme relativement sûres. La crise financière a ramené les obligations souveraines parmi les actifs moins risqués, car la plupart des pays émergents n’ont pas eu à supporter de coûteux sauvetages bancaires. Cette situation s’est poursuivie jusqu’au milieu de l’année, en particulier pendant l’été lorsque la crise en Turquie et en Argentine a touché d’autres obligations souveraines émergentes. À l’inverse, les spreads des obligations d’entreprises ne se sont pas autant élargis grâce à la surperformance des entreprises asiatiques, à la bonne orientation de l’économie chinoise et, récemment, à l’espoir que le sommet États-Unis-Chine de décembre aboutisse à une trêve commerciale qui serait bénéfique aux exportateurs de la région. L’effondrement des cours du brut cette semaine est également une bonne nouvelle pour l’Asie, qui importe énormément de pétrole. Au cours des cinq dernières séances de cotation, les 20 (sur 100) principales classes d’actifs obligataires suivies par notre Panorama hebdomadaire comprenaient pas moins de 8 indices représentatifs des obligations d’entreprises asiatiques.
Nouvelle-Zélande – en haut de l’affiche : Après avoir été cataloguées pendant des décennies comme « en dessous de la moyenne », les obligations néo-zélandaises peuvent désormais prétendre le contraire : les obligations d’entreprises et la dette souveraine du pays ont surperformé 98 autres classes d’actifs obligataires le mois dernier grâce à une économie forte et à des taux d’intérêt contenus : de façon inattendue, le taux de chômage est tombé à son plus bas niveau depuis 10 ans au troisième trimestre, alors que la banque centrale a laissé ses taux inchangés la semaine passée. Depuis le début du mois de novembre, le dollar néo-zélandais est la devise la plus performante face au dollar américain parmi les pays du G10, en hausse de 4,3 %, ce qui lui permet de réduire ses pertes à 4,2 % face à un billet vert en hausse.
En baisse :
Période difficile pour le pétrole : Les cours du pétrole, qui donnent généralement le pouls de l’économie mondiale, ont chuté à 56 dollars le baril contre 76 dollars le mois dernier, après que le dernier rapport mensuel de l’OPEP a fait apparaître une augmentation de la production en Arabie saoudite et un recul des prévisions en termes de demande. Des institutions de premier plan comme le FMI ont réduit leurs prévisions de croissance mondiale cette année, évoquant le ralentissement de la dynamique en Europe et en Asie, l’effet négatif des guerres commerciales et la perspective d’une hausse des taux après une décennie de politiques monétaires accommodantes. Certains investisseurs s’interrogent également sur la pérennité de la forte dynamique de croissance aux États-Unis une fois que les effets de la récente réduction de l’impôt sur les sociétés se seront estompés. Les entreprises américaines ont souffert de l’effondrement du secteur pétrolier, et les spreads de crédit des indices fortement pondérés par le secteur pétrolier, tels que les indices US Investment Grade et US High Yield (l’énergie représente environ 15 % de leur capitalisation), se sont élargis. D’autre part, les devises des pays importateurs de pétrole, comme la Turquie ou l’Inde, ont fortement rebondi face à la hausse du dollar, tandis que celles des pays exportateurs de pétrole, comme le Mexique, le Brésil ou la Russie, ont perdu entre 1,25 % et 2,25 % depuis le début du mois. Néanmoins, la baisse des cours du pétrole est généralement perçue comme positive dans un contexte où les anticipations inflationnistes et les prévisions de taux d’intérêt chutent. Comme le montre le graphique, l’inflation et le pétrole sont étroitement liés.
Mexique – la situation n’est pas brillante : Les emprunts d’État mexicains ont été la catégorie d’actifs obligataires la moins performante parmi les 100 suivies par notre Panorama hebdomadaire, en baisse de 4,1 % au cours des cinq dernières séances de cotation et de 11 % sur un mois glissant. Autrefois enthousiasmés par les perspectives liées à la présidence de Lopez Obrador, les investisseurs semblent désormais perdre confiance : sa décision de mettre un terme au projet de construction d’un nouvel aéroport pour 13 milliards de dollars, alors qu’un tiers est déjà achevé, n’a pas été bien accueillie, tandis que sa proposition d’organiser des référendums sur la construction d’une raffinerie et la mise en circulation d’un train touristique a été source d’incertitudes. Les investisseurs anticipent également une hausse des taux d’intérêt et semblent avoir mis de côté les bonos pour l’instant.
Point hebdomadaire sur l’actualité des marchés obligataires. Cette semaine, retrouvez Pilar Arroyo et Stefan Isaacs.
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Les obligations et les devises des marchés émergents ont été parmi les principaux bénéficiaires des élections de mi-mandat aux États-Unis, lesquelles se sont soldées par un Congrès divisé, les démocrates s’emparant de la Chambre des représentants et les républicains gardant le contrôle du Sénat. Le président Trump pourrait donc renoncer à mettre en œuvre de nouvelles incitations budgétaires, qui ont généralement pour effet de stimuler l’économie, et, ce faisant, raffermir les rendements des bons du Trésor et le dollar américain. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour les pays émergents qui ont émis de la dette libellée en dollars et pour lesquels les bons du Trésor servent de référentiel au taux de base sans risque (voir plus bas). Le taux de référence mondial, à savoir le rendement du bon du Trésor américain à 10 ans, s’est tassé à 3,19 %, après avoir grimpé au-delà de 3,2 % vendredi, suite à la publication de statistiques indiquant la hausse des salaires la plus forte depuis près de dix ans.
Si les obligations à haut rendement américaines ont profité du climat propice au risque (voir plus bas), les obligations à longue échéance ont en revanche été à la peine ; la dette indexée sur l’inflation et les emprunts d’État britanniques ont ainsi reculé de, respectivement, 2,3 % et 1,3 % lors des cinq dernières séances. Les bons du Trésor américain à long terme ont perdu 1,2 % sur la même période. Les marchés actions internationaux ont réagi positivement aux résultats des élections aux États-Unis, les investisseurs espérant qu’une hausse modérée des rendements des emprunts d’État américains et un possible apaisement des tensions commerciales sino-américaines puissent revigorer l’économie mondiale.
En hausse :
Marchés émergents – la menace du dollar s’éloigne : Les devises émergentes ont bondi à la suite du résultat des élections de mi-mandat, en particulier celles des pays les plus exposés au renchérissement du dollar. Comme on le voit sur le graphique, ce sont les devises des pays dont les déficits courants sont les plus élevés qui se sont le plus fortement dépréciées depuis le début de l’année, mais certaines ont connu une légère embellie après l’élection : le rand sud-africain a gagné 1,3 % mercredi, tandis que le réal brésilien s’est raffermi de 0,5 %, favorisé également par la faiblesse inattendue des chiffres de l’inflation. La roupie indonésienne s’est révélée la plus performante (+1,5 % en une seule séance) ; le pays a en outre fait état d’une croissance plus forte qu’attendu de son PIB au troisième trimestre (+5,17 %), et a indiqué que ses réserves de change avaient augmenté pour la première fois cette année en octobre. Tempérant l’optimisme des investisseurs à l’égard des marchés émergents, certains observateurs ont prévenu que le résultat de ces élections pourrait n’avoir que peu d’influence sur les tensions commerciales persistantes entre les États-Unis et la Chine, celles-ci dépendant dans une large mesure des vues du président Trump. Toujours est-il que la hausse de cette semaine a atténué la performance négative des marchés émergents depuis le début de l’année, due pour partie à la vigueur du dollar : l’indice JP Morgan GBI, représentatif de la dette souveraine libellée en devise locale, affiche une hausse de 1 % en monnaie locale en 2018, mais il accuse une baisse de près de 8 % en dollar. Un accès de faiblesse du billet vert contribuerait à améliorer quelque peu les perspectives de la classe d’actifs.
Obligations à haut rendement américaines – vive les taux bas : La prime de risque que les investisseurs reçoivent en détenant des obligations américaines à haut rendement plutôt que des bons du Trésor est tombée à 350 points de base (pb), contre 380 pb la semaine dernière, le marché anticipant qu’un environnement de taux d’intérêt modérés contribuera à limiter les défauts. La progression enregistrée au cours de la semaine porte la performance des obligations à haut rendement américaines à 1,3 % depuis le 1er janvier, creusant l’écart avec les obligations « investment grade », qui ont reculé de 3,7 % sur la même période, pénalisées par l’offre abondante et une détérioration de la qualité de crédit. Le segment à haut rendement américain surperforme également les obligations « investment grade » et à haut rendement européennes, soutenu par des facteurs fondamentaux favorables (p.ex., un endettement net plus faible et une meilleure couverture des intérêts).
En baisse :
Marché immobilier américain – « homeward bound – I wish I was! » : Si Simon & Garfunkel devaient écrire ces paroles aujourd’hui et non en 1966, peut-être composeraient-ils un autre refrain, tant le contexte du logement a évolué aux États-Unis – une situation dont les conséquences économiques sont désastreuses : les anticipations d’inflation se sont raffermies suite à la publication du rapport sur l’emploi ce vendredi, mais elles ont reculé de près de 2 % au cours des 30 derniers jours sous l’effet de statistiques en demi-teinte : comme l’illustre le premier graphique ci-dessous, les anticipations d’inflation sont demeurées relativement stables cette année, alors que les rendements des bons du Trésor ont grimpé. Le découplage s’est opéré au moment où les ventes de maisons anciennes ont commencé à chuter de concert, compte tenu de l’effet multiplicateur de ces ventes sur l’économie (de nouvelles maisons signifient généralement de nouveaux biens et appareils électroménagers). Le second tableau permet de mieux apprécier les raisons pour lesquelles les américains tendent à acheter moins de maisons : alors que les prix des logements ont augmenté de façon quasi ininterrompue depuis 2012, les niveaux d’accessibilité (les revenus divisés par les paiements d’intérêts) sont en baisse depuis plus de deux ans. Un simple coup d’œil sur une annonce proposant un appartement à New York pour 68 millions de dollars peut aider à expliquer pourquoi le stock de nouveaux logements invendus s’élève désormais à 7 mois de ventes, au lieu de 4,9 mois l’an dernier, un niveau qui, historiquement, correspond à une croissance nulle du PIB. Une telle situation avait été identifiée par Richard Woolnough, gérant de fonds chez M&G, dans son blog prémonitoire « The knock-on effect of falling house prices – crystal ball breaking » (Les répercussions de la chute des prix des logements – briser la boule de cristal) – en 2007…
Espagne – « you say yes, I say no » : Le secteur bancaire espagnol a joué aux montagnes russes cette semaine : dans un premier temps, après plusieurs mois d’intenses discussions, la Cour suprême du pays a jugé que les banques n’avaient pas à acquitter de droit de timbre sur les crédits immobiliers octroyés. La décision, qui a été saluée par l’envolée des actions bancaires, n’a pas tardé à être réfutée par le premier ministre Pedro Sánchez, qui a déclaré que la loi sur le crédit hypothécaire serait modifiée en vue d’obliger les banques à payer la taxe. Selon certains observateurs, une telle mesure pourrait n’avoir qu’une incidence limitée car les banques pourraient rapidement augmenter d’autres frais ou relever les taux des crédits immobiliers afin de compenser toute hausse des coûts.
Point hebdomadaire sur l’actualité des marchés obligataires. Cette semaine, retrouvez Randeep Somel et Kotaro Miyata.
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Comme d’accoutumé en octobre, les marchés actions et obligataires ont connu des difficultés, les investisseurs se montrant inquiets quant à l’impact de la hausse des taux et des guerres commerciales sur la croissance économique et la rentabilité des entreprises. Plusieurs signes apparus durant le mois attestent d’un ralentissement, en particulier en Europe et en Asie. En effet, la croissance du PIB de la zone euro au troisième trimestre est inférieure aux anticipations, notamment en raison du « surplace » économique de l’Italie. En Asie, la production industrielle a reculé de 1,1 % en septembre au Japon tandis qu’elle enregistre sa chute la plus importante de ces dix dernières années en Corée du Sud. L’indice PMI manufacturier chinois est également ressorti inférieur aux attentes en octobre, ce qui amène le renminbi à 6,97 face au dollar, son plus bas niveau depuis dix ans. À Wall Street, les bénéfices des entreprises ont déçu : les principaux indices actions sont en baisse de 8 % par rapport au mois précédent. Outre Atlantique, après douze années à la tête du gouvernement, la Chancelière allemande Angela Merkel se retirera à l’issue de son mandat. La Banque du Canada a relevé ses taux, faisant chuter le prix du baril de pétrole à 66 dollars, contre 76 dollars plus tôt dans le mois. Les spreads des obligations d’entreprises mondiales se sont écartés. Pour une expérience vraiment terrifiante, ne ratez pas les graphiques annuels de M&G – ce qu’ils révèlent pourraient bien donner des sueurs froides aux investisseurs pour cet Halloween.
Si les valeurs refuges traditionnelles telles que le Bund allemand, le dollar américain et le yen japonais ont progressé en octobre, d’autres actifs insoupçonnés ont tiré leur épingle du jeu, profitant des récentes turbulences : le peso argentin, le réal brésilien et la lire turque ont bondi parallèlement à la hausse du dollar. En effet, ces trois pays ont tenu leurs engagements visant à relever l’économie : le FMI a validé le renforcement du plan de sauvetage de l’Argentine, lequel passe donc à 56 milliards de dollars, et la Turquie a maintenu ses taux d’intérêt à 24 %, permettant ainsi à la lire de récupérer près de la moitié des pertes engendrées durant l’été. Au Brésil, le réal a atteint 3,7 unités pour 1 dollar, contre 4,2 en septembre, après la victoire du candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro aux élections générales dimanche dernier. Les devises du Chili, de la Colombie et du Mexique ont en revanche dégringolé durant le mois, tout comme les cours du pétrole et des principales matières premières telles que le cuivre, qui peinent à progresser dans un tel environnement. Après des passages difficiles, le Royaume-Uni ressort lui aussi gagnant.
En hausse :
Royaume-Uni : la fin de l’austérité ? Le Gilt et les obligations indexées sur l’inflation du Royaume-Uni ont généré parmi les meilleures performances des cinq dernières séances, avec une hausse de 0,8 % et 2,3 % respectivement, profitant de la fin de l’austérité telle qu’annoncée lundi dans le discours sur le budget du chancelier Philip Hammond. Cette nouvelle fait suite à une hausse des anticipations en matière de recettes fiscales et à la baisse des besoins d’emprunt (après 10 années de taux historiquement bas). Les rendements du Gilt ont progressé (toutefois pas suffisamment pour compenser le creux du mois d’octobre de manière générale), et les anticipations d’inflation ont été largement revues à la hausse. Dans ce contexte, les obligations indexées sur l’inflation (appelées « linkers ») enregistrent les meilleures performances parmi les 100 classes d’actifs suivies par notre étude Panoramic Weekly, avec +2,3 % au cours des cinq dernières séances, et 3,7 % sur la totalité du mois d’octobre. Les prévisions de croissance de P. Hammond pour l’année prochaine, elles aussi révisées à la hausse, et les obstacles liés au Brexit, devraient générer de l’inflation, ce qui constitue le principal moteur derrière la hausse des rendements nominaux britanniques (c.f. graphique). Depuis la mi-juillet, les rendements du Gilt ont augmenté de 26 points de base (pb), tirés davantage par la hausse des anticipations inflationnistes (14 pb) que par celle des taux réels (11 pb), qui dépendent généralement des taux de croissance réels. Pour connaitre l’état réel du budget britannique, consultez l’article d’Anjulie Rusius : « Le Royaume-Uni en a-t-il terminé avec l’austérité ? D’où le budget de l’automne. »
Obligations émergentes indexées sur l’inflation – les grands gagnants du mois : Les obligations indexées sur l’inflation des marchés émergents ont généré les meilleures performances des 100 classe d’actifs de l’univers de notre PW. La dette brésilienne figure en tête du peloton. En effet, après avoir atteint 10,7 % en janvier 2016, la croissance des prix du Brésil a chuté à moins de 3 % en l’espace de seulement 16 mois, pénalisée par une importante récession et une série de relèvements de taux fin 2015. Après une année relativement stable, le pays a renoué avec la croissance et l’inflation s’est accélérée dès le mois de juin 2018. Les linkers se sont toutefois envolés à mesure que le candidat d’extrême droite favorable à la croissance J. Bolsonaro progressait dans les sondages. Si sa victoire dimanche dernier est de bon augure pour la croissance future du pays, elle laisse cependant place à d’éventuelles déceptions compte tenu des nombreuses attentes qui reposent sur ses épaules et son manque d’expérience au Parlement.
En baisse :
Offre d’obligations à haut rendement – trop chères : La pénurie d’obligations américaines à haut rendement cette année fait sourire les investisseurs. Ce facteur technique soutient en effet les faibles spreads et les rendements positifs de la classe d’actifs, contrairement aux autres titres de l’univers obligataire. Néanmoins, les émetteurs à haut rendement ne se montrent pas aussi enthousiastes. Selon Crédit Suisse, les rendements des obligations américaines à haut rendement (6,9 %) ont dépassé le coupon moyen versé aux investisseurs (6,3 %), ce qui rend le titre peu viable et, contrairement à avant, les coûts d’emprunt ne sont plus suffisamment bas pour permettre un paiement facilité. Le graphique montre que la situation se répète uniquement en période de difficultés, comme à la fin de l’année 2015, où le marché du crédit suivait une tendance à la baisse en raison de la faiblesse de la croissance et de l’effondrement des cours pétroliers. Comme le montre le deuxième graphique, la faible offre entraîne une réduction de la classe d’actifs, en particulier par rapport aux autres titres obligataires de qualité Investment Grade, dont les volumes ne cessent de gonfler sur les marchés depuis dix ans en raison de la faiblesse des taux. Pour en savoir plus sur l’impact des taux bas et la hausse ultérieure des obligations, consultez l’article de Lu Yu : « Méfiez-vous de la consommation excessive de dette ».
Pétrole – faire fi de D. Trump : Les cours pétroliers ont chuté de près de 10 % en octobre, pénalisés par la montée des incertitudes entourant les perspectives économiques mondiales et l’annonce selon laquelle la Chine et l’Inde, deux grands importateurs de pétrole iranien, continueront leurs achats de pétrole en dépit des sanctions à venir des États-Unis à l’encontre de l’Iran. Ces sanctions avaient entraîné un rebond des cours pétroliers en septembre, mais elles ont depuis été presqu’entièrement effacées. En outre, la volonté du nouveau président mexicain, qui souhaite que Pemex, la première compagnie pétrolière du pays, privilégie l’offre locale au détriment des importations, a également pesé sur le cours. Cette baisse est toutefois un soulagement pour beaucoup. En effet, la hausse des prix du pétrole a entraîné 11 des 12 dernières récessions aux États-Unis. Cliquez pour en savoir plus.